(1) Quittant ses genêts
et sa lande,
Quand le Breton se fait marin,
En allant aux pêches dIslande,
Voici quel est le doux refrain
Que le pauvre gâs
Fredonne tout bas :
Jaime Paimpol et sa falaise,
Son église et son grand pardon.
Jaime surtout la Paimpolaise
Qui mattend au pays breton ! |
(2) Quand leurs bateaux
quittent nos rives,
Le curé leur dit : « Mes bons fieux,
Priez souvent Monsieur Saint Yves,
Qui nous voit, des cieux toujours bleus. »
Et le pauvre gâs
Fredonne tout bas :
Le ciel est moins bleu, nen déplaise
A Saint Yves, notre Patron,
Que les yeux de ma Paimpolaise
Qui mattend au pays breton ! |
(3) Guidé par la
petite étoile
Le vieux patron, dun air très fin,
Dit souvent que sa blanche voile
Semble laile dun Séraphin ...
Et le pauvre gâs
Fredonne tout bas :
Ta voilure, mon vieux Jean-Blaise,
Est moins blanche au mât dartimon,
Que la coiffe à la Paimpolaise
Qui mattend au pays breton ! |
(4) Le brave islandais,
sans murmure,
Jette la ligne et le harpon;
Puis dans un relent de saumure,
Il saffale dans lentrepont ..
Et le pauvre gâs
Fredonne tout bas :
Je serais bien mieux à mon aise
Devant un joli feu dajonc
A côté de la Paimpolaise
Qui mattend au pays breton ! |
(5) Mais souvent lOcéan
quil dompte
Se réveillant lâche et cruel,
Le jour venu, quand on se compte
Bien des noms manquent à lappel ! ...
Et le pauvre gâs
Fredonne tout bas :
Pour aider la Marine anglaise,
Comme il faut plus dun moussaillon,
Jen fons deux à ma Paimpolaise
Qui mattend au pays breton ! |
(6) Puis, quand la vague
le désigne,
Lappelant de sa grosse voix,
Le brave islandais se résigne
En faisant un signe de croix ...
Et le pauvre gâs
Quand vient le trépas,
Serrant la médaille quil baise,
Glisse dans locéan sans fond
En songeant à la Paimpolaise
Qui lattend au pays breton ! |